L’introduction systématique de la vitis vinifera et des pratiques culturales
Dès la fondation de la colonie de Viennum (Vienne) vers 47 av. J.-C., les Romains entreprennent de structurer l’agriculture locale en accordant une place essentielle à la vigne. À cette époque, la vitis vinifera cultivée est introduite massivement, accompagnée de savoir-faire codifiés. Les traités d’agronomie de Caton, Columelle ou Pline l’Ancien témoignent des méthodes importées :
- Le palissage des ceps sur échalas pour favoriser l’aération et limiter les maladies
- Le choix raisonné des terrains, privilégiant les coteaux bien exposés (toujours d’une efficacité redoutable aujourd’hui...)
- La taille manuelle pour favoriser la qualité des raisins plutôt que la quantité
- L’organisation des parcelles selon le cadastre romain (« centuriation »), donnant naissance à un paysage de vigne bien ordonné
L’archéologie atteste de la présence de grandes villae viticoles dans la vallée, particulièrement autour de Vienne, Orange et Arles, véritables domaines dont certains dépassaient les 100 hectares (INRAP, fouilles du site de Molard, 2017).
Le développement des infrastructures et du commerce
L’un des apports majeurs des Romains fut la connectivité du vignoble via des axes structurants. Dès le Ier siècle, la Via Agrippa, réseau de routes stratégiques, relie Lyon (Lugdunum) à Arles, en passant par Vienne et Valence. Cette artère favorisa le transport du vin, mais aussi l’implantation de nouveaux vignobles, les villes étant souvent entourées de terroirs voués à la vigne.
Les vins rhodaniens, stockés dans des amphores typiques de la « Gauloise 4 », envahissent le marché romain, jusqu’à Rome et la Bretagne romaine. Des fouilles menées à Ostie, port de Rome, démontrent la présence d’amphores de la vallée du Rhône dès le Ier siècle ap. J.-C. (Patrick Brunet, « Les amphores gauloises »).